Approche intuitive et approche scientifique
- Mathias Barat - DENDROPOLIS
- 9 mai 2019
- 3 min de lecture
Lors de la résolution de problème, les décisions peuvent être difficiles à prendre car les données afférentes peuvent manquer ou bien parce que la manière de les utiliser et des les interfacer peut être trop difficile à appréhender (c'Est tout le problème de l'approche scientifique).
Face à la complexité, l'intuition reste un propre de l'homme, un réflexe plus ou moins assumé, mais qu'il conviendrait - à tout le moins - de comprendre et de savoir utiliser.

Les exemples de décisions liées à l’intuition humaine sont nombreuses dans l'Histoire des sciences et ont pu être à l'origine aussi bien d'incroyables découvertes que d'erreurs monumentales...

Ainsi, la forme de la molécule de Benzène fut visualisée pour la première fois lors d'un rêve par Friedrich Kekulé sous la forme d'un serpent qui se mord la queue (c'est le symbole qu'on appelle l'Ouroboros dans la Grèce antique). Sa vision donnait la réponse à un problème sur lequel il buttait depuis déjà de longues semaines. Comment et pourquoi cet instant d'"eurêka" s'est-il manifesté ? Cette expérience est-elle reproductible ? L'idée est séduisante...
Cependant, à l'inverse, Heinrich Hertz, à l'origine de la découverte des ondes radio, n'entrevoit aucune application viable à sa découverte. Il ne lui prédit pas un grand avenir devant ses étudiants qui le questionnent à ce sujet. Un peu plus tard pourtant, les ondes radios sont utilisées pour le télégraphe, le téléphone ainsi que par les nouveaux champs de recherche en physique (relativité, quantique, électro-magnétique...). Son intuition, dans ce cas, ne semble pas mener à la clairvoyance.
S'agit-il d'ailleurs du même "genre" d'intuition ?
Dans les deux cas, les mêmes mécanismes sont en jeu si l'on considère l'intuition comme une sorte de "raisonnement caché" qui processe inconsciemment les données d'ores et déjà collectées par une personne. Nous pourrions peut-être même arriver à tracer une cartographie de l'intuition humaine si toutes ces données étaient conscientes et identifiables.
La difficulté ici est qu'il ne s'agit pas seulement de traitement de données mais de bien d'autres types de mécanismes psychiques complexes.
En effet, l'intuition s'attacherait en grande partie à identifier des "structures" dans les motifs du problème dont il est question. Elle fait appel à des mécanismes d'associations relevant des zones les plus subjectives de l'esprit et pouvant faire appel par exemple à des souvenirs très personnels.
L'odeur du benzene est peut-être associé dans l'esprit de Kekulé à l'odeur du détergent utilisé par sa grand-mère, qui un jour chassa un serpent dans la cour de la maison avec la serpillère qu'elle utilisait pour le ménage, etc... On peut tout imaginer. D'ou la difficulté de reproduire l'expérience.

Par comparaison, les résultats du machine learning sont de plus en plus pertinents en fonction du nombre de data déjà digérées par l'algorithme. L'IA identifie plus facilement un chat qu'une souris car il y a tout simplement beaucoup plus de photos de chats sur le net qu'elle peut utiliser pour se faire une "idée" de ce qu'est un chat). L'humain va quant à lui faire preuve d'esprit analytique profond dans l'identification et va pouvoir ainsi identifier des objets (physiques ou abstraits) sans les connaitre au préalable grâce à son intuition. Et c'est bien de cette propriété dqui le différencie du machine learning, et aussi d'une certaine manière qui crée une divergence par rapport à l'approche scientifique.

L''approche intuitive produira un résultat plus rapide et plus sensible. Le résultat sera probablement moins fiable qu'une approche scientifique mais en sera très sûrement complémentaire. Evidemment, l'intuition ne peut être le mode préféré de résolution pour tous les types de problèmes, il faut savoir l'invoquer au bon moment et pour les bons sujets.
Les intuitions exacerbées peuvent amener à une créativité accrue. Il est donc important lors de la recherche de solutions de favoriser un environnement (physique et mental) favorisant l'intuition.
L'Art Thinking est une bonne approche. La méthode active les ressorts de la créativité pour accélérer les prises de décision et la recherche de solutions. Typiquement, pour gagner du temps de process en évitant d'alourdir les phases d'investigation et en se focalisant vers les meilleures propositions. Un atelier favorisant l'approche intuitive peut-être un préalable avant d'investir plus avant dans un projet ou une idée.
Quelques conseils pour favoriser l'approche intuitive :
Mise en place :
Avoir les données présentes et accessibles
Prendre le temps de se concentrer
Favoriser les différents canaux cognitifs (audio, vidéo, visuel...)
Echanges a posteriori :
Juger l'intuition en la faisant challenger par des tiers
Essayer de refaire le trajet avec une approche scientifique
Confronter les intuitions
Et pour aller plus loin, la conférence du mathématicien et psychologue Nicolas Gauvrit sur l'intuition à Toulouse en novembre 2016.